Il aurait fallu ignorer le dernier rapport du GIEC sur le changement climatique pour passer à côté de son avertissement selon lequel nous devons utiliser toutes les possibilités de réduction des émissions afin d’éviter une catastrophe environnementale. Il est toutefois étrange que, dans les villes américaines, les vélos-cargos électriques, un outil clairement utile dans la lutte contre le changement climatique, soient encore peu répandus. En Europe c’est l’inverse et la France ne fait pas exception.

Avantages du vélo cargo logistique

En plus de contribuer à la protection de l’environnement, les vélos-cargos présentent plusieurs autres avantages. Ils ne provoquent que rarement des embouteillages comme les véhicules de livraison. De plus, ils contribuent à fluidifier le trafic en évitant de se déplacer à la recherche d’un endroit pour décharger, ce qui peut prendre jusqu’à 30 % du temps des conducteurs de fourgonnettes. Les achats en ligne occupant une grande partie de l’espace dans les rues des villes, les vélos-cargos offrent une méthode pour remédier à l’encombrement des trottoirs et des routes.

Si les vélos-cargos deviennent la norme, c’est tout le secteur de la logistique qui pourrait en profiter. Les vélos-cargos transportent sept articles par heure, alors que les camionnettes n’en livraient que quatre.

Un secteur en plein boom

L’industrie mondiale du vélo-cargo est en pleine croissance, selon les estimations d’un groupe de recherche, qui affirme que le marché mondial des vélos-cargo des entreprises augmenterait de 43 % pour atteindre un total de 900 millions de dollars cette année. La société allemande DHL/Deutsche Post gère une flotte de 17 000 vélos et tricycles de fret, et 5 000 autres commandes doivent encore être livrées.

Cependant, aux États-Unis, DHL/Deutsche Post a mis du temps à mettre en place un service de vélo cargo. Un représentant de DHL a déclaré que l’entreprise avait lancé un programme d’essai aux États-Unis : un déploiement à Miami avec seulement quatre camions. UPS a fait ses débuts avec un seul vélo cargo à Portland lors d’un événement public en 2019. On est loin du compte !

Une tendance de fond en Europe

Pourquoi la vague européenne de livraison de marchandises à vélo n’a-t-elle pas atteint les États-Unis ? Même s’il s’agit d’une question compliquée, il semble évident que si les villes américaines souhaitent que les vélos de fret jouent un rôle plus important dans la livraison des colis, il ne suffira pas de demander de l’aide aux expéditeurs. Il faudra refuser l’entrée aux camionnettes de livraison.

Pour comprendre pourquoi, il faut commencer par Boston. C’est une zone propice à la livraison de vélos cargo puisque les points de ramassage et de dépôt sont proches. De plus, comme c’est souvent le cas dans les villes européennes, ses rues sont tracées à la manière de l’ère pré-automobile et elle souffre également de terribles embouteillages.

Boston, un laboratoire à ciel ouvert

Boston, qui est l’un des meilleurs emplacements pour les vélos-cargos aux États-Unis, présente néanmoins des obstacles importants lorsqu’il s’agit de les adopter. Certains endroits ne disposent pas d’une infrastructure appropriée pour les vélos de transport. De meilleures pistes cyclables et des réseaux supplémentaires permettront d’augmenter le nombre de livraisons de marchandises à vélo. 40 % des vélos de livraison roulaient sur le trottoir.

Un deuxième problème important en matière d’infrastructure est la pénurie de « microhubs » américains – des lieux où les colis et les voitures peuvent être rassemblés et consolidés. Le microhub d’une entreprise a besoin d’une infrastructure de recharge et d’un espace pour un véhicule de livraison pour distribuer les marchandises le matin.

Enfin, il existe aux États-Unis des obstacles juridiques aux vélos-cargos qui doivent être éliminés. L’État de New York, par exemple, a adopté une législation qui interdit les tricycles de plus de 36 pouces de large, ce qui rend illégal l’usage de la plupart des versions plus grandes et plus lourdes. Les législateurs de l’État envisagent une mesure qui permettrait d’étendre la longueur des vélos-cargos à 55 pouces.